Article paru dans  l'Est Républicain le 28 octobre 2004 en page Vosges



Massés dans le hall, les salariés écoutent leurs représentants leurs résumer les débats. Photos Vincent HOPÉ

Rambervillers espère

En prolongeant de six mois la période d'observation dont font l'objet les papeteries Matussière et Forest, le tribunal de commerce de Grenoble maintient l'espoir d'une reprise du site de Rambervillers.

Au milieu des salariés venus de toute la France et avant même le début de l'audience, le juge-commissaire Augier prend à part Jean-Christophe Capdet et Jean-Louis Rocklin, délégués fédéraux de la Fédération des industries du livre, du papier et de la communication (Filpac-CGT), pour leur annoncer que le tribunal de commerce de Grenoble prolongera de six mois la période d'observation dont font l'objet les papeteries Matussière et Forest.

Une décision qui rassure les syndicalistes, qui plus que tout redoutaient la mise en liquidation du groupe. « Dans ce cas, pour payer les créanciers, les administrateurs auraient vendu tout ce qui est encore vendable, machine par machine, ou auraient cédé tout le lot à des requins », répète Jean-Louis Rocklin tandis que son camarade, veste jaune fluo sur le dos, se faufile entre deux rideaux de CRS pour assister à l'audience. Dans la « salle des conciliations 22 », seuls huit représentants du personnel, issus des différents sites du groupe, sont admis. Jean-Louis Rocklin n'en fait pas partie, pas davantage que Dominique Dautriche, envoyé spécial du Comité d'aménagement, de promotion et d'expansion des Vosges (Capev).


Raon mis en vente

Les syndicalistes sont installés depuis plusieurs minutes dans la salle lorsque la direction du groupe arrive en catimini, sous les huées et les quolibets. Les CRS l'encadrent, obstruent la porte derrière elle.

Dans la salle d'attente aux murs violines, les Rambuvetais forment le gros de la troupe. Tee-shirts bardés de vignettes aux couleurs du groupe et de la CGT, corne de brume à portée de main, ils ont recouvert les piliers du tribunal d'autocollants au slogan sans appel : « Oui à la reprise Lenk ».

Lorsqu'au bout d'une heure l'audience prend fin, Vincent Ramond, secrétaire du comité central d'entreprise venu du site de Ledar, en Ariège, confirme la rumeur qui s'est répandue comme une trainée de poudre. Des suppressions d'emplois dans les deux sites isérois, un allégement de la dette de 50 à 60 %, un projet de plan de continuation pour début 2005 et la vente du site de Raon-l'Etape, où travaillent 140 salariés. « Concernant cette usine, le tribunal a mandaté un cabinet pour faire le tour des repreneurs potentiels. Une douzaine de contacts ont été établis. Les plus sérieux, deux ou trois, restent en lice et le dossier avance rapidement. L'affaire devrait être bouclée avant la fin de l'année. » Le sort de Rambervillers en revanche n'a pas été évoqué.

Rendez-vous

Pour en savoir davantage sur leur sort, les 36 Rambuvetais qui ont fait le déplacement doivent attendre que leurs représentants, Jean-Christophe Capdet et Yannick Marquis, terminent leur entretien avec Dominique Dautriche et les deux administrateurs judiciaires. « On a trouvé un terrain d'entente pour que Mes Barbey et Coquet et les responsables de Lenk acceptent de se mettre autour d'une même table pour négocier. La rencontre se déroulera le 5 novembre à 14 h 30 chez Me coquet, à Grenoble. » Et de rappeler que le temps presse : dans quelques semaines, la météo imposera de chauffer les locaux vosgiens.

Le 5 novembre, Lenk devra donc confirmer son offre de reprise ou son abandon définitif. « Si tel est le cas, il restera encore un mince espoir », souligne Jean-Christophe Capdet. « La vente de l'usine de Raon change la donne. Il y a quelques mois, plusieurs entreprises s'étaient manifestées pour la reprise des deux sites vosgiens... » C'était lors du dépôt de bilan du groupe. En avril.

Maxence ALIBERT

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