Article paru dans  l'Est Républicain le 29 septembre 2004 en page Vosges

Les Matussière font une descente à Grenoble !
Hier matin, à 10 h 20, un commando de Matussière a investi le siège social des papeteries à Meylan, près de Grenoble. La CGT s'est invitée à une réunion stratégique.

« Ça s'est décidé très vite. Nous sommes partis en bus à trois heures du matin de Rambervillers à une cinquantaine de salariés ». Jean-Christophe Capdet, le délégué CGT et chef du commando de Matussière et Forest a retrouvé sur place une trentaine de ses collègues solidaires des Papeteries de Voiron, et des Papeteries de Lancey (à côté de Voiron, grande banlieue nord de Grenoble). Ensemble, à 10 h 20, hier matin, à l'arrivée du bus, ils se sont faufilés à pied jusqu'au fond d'une ruelle de Meylan, dans la zone industrielle de Grenoble-Est, donnant accès au siège social. Au passage d'un véhicule, la portière s'étant ouverte, les Vosgiens se sont rués à l'intérieur. Une fois dans la place, le commando dirigé par le délégué a pris possession sans violence des bureaux, dont le standard, le fax, interdisant toute communication avec l'extérieur. L'administration installée dans ces locaux commande à l'ensemble du groupe.

L'invité-surprise

La paralysie étant effective, Jean-Christophe Capdet s'est alors invité à une réunion officieuse qui avait lieu entre le PDG, les responsables du Comité central d'entreprise et les deux administrateurs judiciaires, MM Coquet et Barbey. Les participants n'avaient pas trop le loisir d'éjecter l'invité-surprise, car dans ce cas, l'occupation des lieux eût été moins pacifique...

Sans préjuger du fond, le délégué a pu entendre le point sur le dossier, pour lequel les administrateurs demandent encore certaines précisions au groupe Lenk dont la proposition de reprise est toujours examinée avec soin. La pression du commando aidant sans doute, la décision finale devrait être prise en deux temps. Le 14 octobre, le Comité central d'entreprise en session extraordinaire examinera le plan de reprise du site de Rambervillers par le groupe allemand Lenk. Une commission de suivi du plan social au niveau du groupe sera organisée dans la foulée juste après. Et en principe, le lendemain 15 octobre, le tribunal de commerce de Grenoble devrait rendre sa décision sur la proposition de Lenk. La semaine dernière encore, cette décision ne devait intervenir que le 24 octobre, soit quatre jours avant le réexamen six mois plus tard du redressement judiciaire du groupe Matussière.


Combat rapproché

La pression aura peut-être permis à la direction des papeteries et aux magistrats consulaires de hâter le mouvement jusqu'ici d'une grande lenteur. Il est vrai que Rambervillers, vu de Grenoble, c'est loin. Le combat rapproché aura permis apparemment de raccourcir les échéances.

Les Matussière, contents du soutien de leurs camarades avertis maintenant de leur détermination, dont ils sauront se souvenir au prochain CCE n'ont levé le camp qu'à 18 h 30 h, au retour de leur bus. Leur arrivée à Rambervillers était attendue cette nuit, près de 24 h après leur départ.

Un autre combat les attend. « La direction nous a une nouvelle fois interdit l'entrée de l'usine samedi et dimanche, sous le prétexte que c'était justement le week-end. Et hier lundi, à 22 h », nous disait Jean-Christophe Capdet hier soir, « la porte nous a été également fermée. Nous retournons au tribunal pour faire constater en référé la persistance de l'entrave ».

Ils reviendront aussi à Grenoble, les 14 et 15 octobre, si la seconde date est confirmée.

Guillaume MAZEAUD

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