Article paru dans l'Est
Républicain en page Vosges le 5 mail
2004
Matussiere à un tournant Le candidat allemand à la reprise de l'usine de Rambervillers exige une reprise globale de la papeterie en redressement judiciaire. Réunion au sommet hier soir à la présidence du Sénat en présence de Christian Poncelet et de Lutz W. Braun, gérant de la papeterie Lenk, à Kappelrodeck en Forêt Noire, et de son avocat, Emil Epp. Ses derniers ont exprimé leur surprise à la suite des propositions formulées par M. Kretsman, l'ex gérant du groupe Matussiere. Selon eux, il leur a demandé quel matériel ils comptaient abandonner s'ils estimaient trop élevé le prix du rachat de la papeterie. Pour les industriels allemands qui dirigent une entreprise familiale de 170 personnes, au chiffre d'affaire de 30 millions d'euros, située à 30 km de Strasbourg, il ne saurait être question de démanteler l'usine. Ils entendent reprendre l'ensemble des murs et du matériel pour un redémarrage de la production prévu le 1er juillet. Dans un premier temps, ils continueraient la fabrication d'enveloppes. Dans les trois ans, ils investiraient 3 millions d'euros pour moderniser les machines et produire du papier plus raffiné. Ils reprendraient une centaine de personnes dans un premier temps. Leur objectif et de travailler en complémentarité avec leur unité de la Forêt Noire qui produit notamment du papier médical, des emballages alimentaires et du papier d'emballage de l'acier. Les candidats à la reprise sont également sensibles à la qualité du site, à son approvisionnement en eau, à la fiabilité de la station d'épuration. Par ce rachat, ils espèrent augmenter leur présence sur le marché français où ils n'exportent que 1 % de leur production, sur un total de 20 % d'exportation. Ils saluent le sérieux d'un personnel qui a assuré, selon eux, un bon entretien général de l'usine depuis le début de l'année : « La machine numéro 3 nous semble en très bon état, il faudra faire quelque chose pour la numéro 2, plus ancienne ». Samedi, M. Braun doit rencontrer les actionnaires de sa société pour évoquer la situation de blocage créée par les dernières exigences de l'ancien gérant : « C'est le projet global de reprise qui est en cause », a estimé M. Epp. M. Braun s'est félicité de la présence des salariés sur le site qui a empêché le découpage de l'usine. Il se rendra mercredi à Rambervillers pour dialoguer directement avec le personnel. Car pour lui, il y a urgence. Il est nécessaire que les machines tournent à nouveau rapidement afin d'empêcher leur détérioration. Pour Christian Poncelet également, il importe aussi d'agir vite pour éviter l'évasion d'une main d'oeuvre qualifiée, recherchée par les concurrents. Le président du Sénat a incité les candidats à la reprise à formuler une proposition globale à l'administrateur judiciaire au tribunal de Grenoble. M. Braun a accepté cette proposition. M. Epp a évoqué un problème lié à la pollution d'une aire de décharge appartenant à la papeterie. M. Dautriche, représentant du CAPEV a annoncé qu'il allait saisir la DRIRE à ce sujet. Les repreneurs allemands ont l'intention de poursuivre l'activité de recyclage de vieux papiers et de boites de lait qui fait l'originalité de Rambervillers. Mais ils ont surtout la volonté de travailler en complément avec leur usine de Forêt Noire en tournant l'usine vosgienne vers des « niches » et la fabrication de papiers spéciaux à haute valeur ajoutée. « Notre désir est de faire tourner l'usine le plus vite possible « , a souligné Christian Poncelet. « C'est le nôtre aussi ! », a renchérit l'industriel allemand. Jean-Paul VANNESON .
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