Article paru dans l'Est
Républicain en page Vosges le 25 avril 2004 Toute la journée, les groupes guidés par les papetiers se sont succédé dans l’usine où seuls les compresseurs sont restés en service. Photo Morad ORFI Matussière : portes ouvertes sur l'attente A l'entrée, ils ont aligné tables et sièges pour leurs invités,
accroché un pendu symbolique à côté d'un mini-cercueil, mais aussi prévu
la bière en fûts, des tonnes de frites, baguettes, saucisses et
merguez... Comme toujours, ils ont bien fait les choses, les salariés de
Matussière et Forest qui ne le seront bientôt plus, puisque les lettres
de licenciement partiront la semaine prochaine.
A 10 h, hier, la papeterie dont les machines se sont tues il y a une
dizaine de jours est déjà cernée par les voitures. Les visiteurs se
pressent à la journée « portes ouvertes », destinée à
prouver la performance de cet outil industriel sur lequel MF SA a décidé
de faire une croix en janvier dernier. A commencer par les habitants de
Rambervillers et des environs, qui ont grandi avec la « papète »,
où des générations se sont succédé. Entre les petits chalets qui protègent la caisse et la buvette au
soleil déjà chaud, c'est par familles entières que l'on se retrouve. Pour visiter l'usine, il faut suivre le guide et ne pas s'écarter des
pistes balisées. Ils sont une dizaine à prendre en charge les groupes,
dont celui du maire de Ramber Gérard Keller, du vice-président du
Conseil régional Jean-Pierre Moinaux, du conseiller général François-Xavier
Huguenot, qui croisent à la sortie la conseillère générale Martine
Gimmillaro, le député Michel Heinrich et plusieurs maires du canton. La visite serre le coeur de l'ancien directeur général Etienne
Hochart, l'arrière-petit-fils d'Henry Boucher, qui va ajouter la sienne
aux centaines de signatures apposées sur la pétition. Pour ceux qui n'y
ont pas travaillé, c'est une vraie découverte, même si hélas les deux
machines à papier sont muettes. « C'est plus vivant quand ça
tourne », soupire André Antonot, le responsable qualité du
laboratoire qui a pris en charge la délégation d'AC ! (Agir
ensemble contre le chômage) emmenée par Christian Iceta.
La visite dure plus d'une heure et commence près des balles de briques
de lait compressées : une spécificité de l'usine, qui réussit à les
retransformer en pâte à papier, après en avoir séparé le plastique et
l'aluminium intérieurs.
« Nous sommes une des papeteries les plus écologiques de France.
Nous, on dépollue ! », dit fièrement André Antonot,
rappelant aussi que l'usine, qui consomme 7.000 m3 d'eau par jour, la
rejette « plus propre qu'avant » dans la Mortagne, après un
passage dans la station d'épuration biologique. Au fil des ans, le
travail est devenu moins physique à la « papète », entièrement
équipée de sprincklers anti-incendie. De leurs cabines climatisées, les salariés suivent sur les écrans
d'ordinateurs toutes les opérations qui mènent la pâte liquide désencrée
jusqu'aux deux machines, qui crachent 5 à 6 tonnes de papier à l'heure,
en 3 mètres de large. La plus ancienne a été modernisée en 1999.
« Quand je suis entré ici, en 1970, on était 350 à produire
20.000 tonnes de papier. Maintenant on en produit 55.000 tonnes à 200.
C'est cela qui serait le plus dur : voir fermer une usine performante »,
dit André Antonot.
Après le salut à la contrecolleuse, qui a longtemps gardé son
secret, au temps où la colle utilisée « était en fait de la fécule
de pomme de terre qu'on allait chercher à Jeanménil », la visite
se termine au pied du « trésor de guerre » des Matussière :
3.000 tonnes de papier en bobines qui attendent, comme les salariés, que
l'espoir de cession de la papeterie se concrétise...
Catherine MICHELET-FRÉMIOT . |
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