Article paru dans l'Est
Républicain en page Vosges le 16 avril 2004 Sur le marché, les Rambuvetais ne marchandent pas leur soutien. Drôle d'anniversaire pour les Matussière C'est un vrai coup de massue pour les 200 salariés, dont certains
comptent plus de trente ans d'ancienneté ou travaillent en couple à
l'usine. Dès le lendemain pourtant, la stratégie des salariés et de
leur intersyndicale CGT-CFDT est fixée. Mot d'ordre : continuer à
produire et protéger l'outil de travail pour « donner une bonne
image » dans le but de trouver un repreneur.
Licenciés le 26 avril Hier, 100 jours exactement après l'annonce funeste, les papetiers ont
décidé de marquer le coup en célébrant ce « Père Cent »
à l'envers, qui les rapproche d'une échéance qu'ils espéraient éviter.
Le 26 avril, ils seront officiellement licenciés.
Un papetier allemand de Forêt-Noire « Mercredi, le PDG Henri Kreitmann a appelé Yannick Marquis, le
secrétaire du comité d'entreprise, et lui a confirmé qu'il était prêt
à lui céder l'usine. Il reprendrait 100 à 110 personnes. Le Belge n'a
pas encore déposé de dossier. Il a demandé trois semaines de délai à
partir du 7 avril. Le problème, c'est que nous serons obligés de passer
par la case « arrêt » le 26 avril... », résumait hier
le délégué CGT Jean-Christophe Capdet, installé avec plusieurs collègues
sur l'un des deux barrages filtrants dressés à l'entrée de
Rambervillers.
Au centre-ville, les papetiers ont campé leur stand à l'entrée de
l'opulent marché, qui prend des airs de Provence sous un ciel d'azur.
Dans les effluves de poulet rôti, les badauds s'attroupent autour
d'Annie, l'épouse d'un Matussière, installée derrière la table où
chacun est invité à signer la pétition de soutien et reçoit en échange
une ramette-souvenir de papier « MF ». Sous le soleil, les
sourires sont un peu crispés. « Ces deux dernières années, on a
été sacrifiés volontairement », soupire l'élu CFDT Patrick
Boulas.
La rogne bleue, jaune, rouge Pendant ce temps-là, les gardiens du second barrage filtrant en sont
à leur cinquième heure sur la route de Lunéville, juste au-dessus de
l'usine d'où ils ont sorti des balles de « rogne de Chartreuse »
en guise de chicanes. « Des chutes de carton qui sert à faire des
chemises : deux couches de papier contre-collées sur du carton »,
explique le délégué CFDT Frédéric Balland. En rouge, en bleu, en
vert, en orange, en jaune, les cubes multicolores illustrent le combat des
Matussière : une rogne bien ordonnée.
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