Article paru dans l'Est
Républicain en page Vosges le 14 avril 2004 Frédéric Balland (délégué CFDT, à gauche) : « On va vivre au jour le jour ». Blocus et nouvelles actions Avec l'arrêt vendredi matin de la seconde machine, la production a été
totalement stoppée. Seul le ronronnement de la chaufferie et de la
colleuse se fait entendre. Pour le reste, c'est le grand calme, sauf qu'à
l'intérieur, les ouvriers s'activent. Depuis l'annonce de la fermeture du
site, remontant au 6 janvier, le personnel n'a jamais baissé les bras. Ce
n'est pas aujourd'hui que les uns et les autres vont changer d'attitude.
Au contraire.
Il reste que l'entrée principale de l'usine a changé de look. Balles
de papiers et chariot élévateur en interdisent désormais l'entrée aux
véhicules. Derrière, pas loin du feu, une dizaine de « Matussière »
monte la garde. Façon de parler puisque depuis samedi matin, une société
de surveillance se charge de cette mission. Il n'empêche qu'une nouvelle
page de l'histoire s'est tournée. Explications de Frédéric Balland, délégué
CFDT.
« On avait dit que tant que les machines tourneraient, les
camions chargés de matières premières pourraient entrer, et les camions
chargés de produits finis pourraient sortir. Désormais, les machines ne
tournent plus, donc c'est le blocus ».
Blocus ne veut surtout pas dire bouches cousues.
A l'inverse, chacun sait pertinemment que l'échéance approche à
grands pas. Le 26 avril prochain, les premières lettres de licenciement
arriveront dans les boîtes aux lettres. C'est bien pourquoi les 200
personnes concernées aimeraient savoir, avant cette date fatidique, de
quoi demain sera fait. Il apparaît aujourd'hui que sur les trois
repreneurs potentiels, deux, en l'occurrence l'Allemand et le Belge, présenteraient
les meilleures garanties.
A suivre de près, évidemment, en précisant que dans les deux cas,
des conseils d'administration sont programmés début mai.
En attendant, du côté du comité d'entreprise et des représentants
syndicaux, on met les bouchées doubles. Chaque jour, les élus du
personnel multiplient les rencontres et les démarches. La dernière,
celle qui interviendra dans le courant de la semaine, risque de faire
bouger les choses. Jean-Christophe Capdet, délégué CGT, le souhaite
vivement.
« Le CE de Matussière et Forest va assigner la direction devant
le Tribunal de Grande Instance. On va demander la suspension des
licenciements et, si rien ne se passe, celle du plan social. C'est une
carte-maîtresse, on va l'abattre. On veut que l'entreprise soit vendue à
l'un des deux acheteurs qui se sont manifestés. Mais, on tient également
à être présent dans la transaction ». Comme, ils l'ont fait depuis qu'ils ont appris la nouvelle de la
fermeture, délégués et ouvriers ne hausseront pas le ton. Néanmoins,
plus que jamais, ils tiennent à se faire entendre. « Rambervillers »
ajoutait Jean-Christophe Capdet, « n'est pas une énorme unité de
production, mais ici le personnel est qualifié et le matériel est
performant. Il faut donc en tenir compte.
De même, si on ne s'était pas battu comme on l'a fait, nous ne
serions plus là aujourd'hui ».
Ce n'est pas le cas. Du reste, si le 100e jour de conflit sera « célébré »
demain (voir par ailleurs), le 24 avril, une opération « portes
ouvertes » sera organisée sur le site. Pour montrer que tout est en
état de marche. Claude GIRARDET . |
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