Article paru dans l'Est Républicain en page Vosges du 19 Février 2004

Le président Christian Poncelet a essayé
de donner un maximum de réponses aux syndicalistes
et représentants du personnel.

Photo Nicolas BARREAU

Matussière et Forest : à la pêche aux infos
« Je vous reçois pour qu'on fasse le point ». Pour la deuxième fois, Christian Poncelet, le président du Conseil général, avait convié hier soir syndicalistes et représentants du personnel de Matussière et Forest afin de dresser un bilan de la situation et de répondre, dans la mesure du possible, à leurs interrogations. Alain Poron, Dominique Gaillard, Stéphane Chassard (CGT), Pascal Févotte (UD CGT), Francis Roch, Serge Costa, Pascal Grandidier (CFDT) et Michel Vuillaume (UD CFDT) avaient pris place autour de la table, de même que la conseillère générale Martine Gimmillaro, le secrétaire général de la préfecture Yvon Alain, Dominique Dautriche de la CAPEV, Gérard Bettembourg de la direction du travail et le directeur des services du CG André Arnaise.

Sans pour autant vouloir trahir le secret entourant les tractations avec d'éventuels repreneurs, les Matussière ont voulu en savoir un peu plus sur les négociations en cours. « Les lettres de licenciement vont vite arriver. On parle du 23 avril ou du 3 mai. Pour encourager les compétences à rester sur place et à entretenir le site, on a besoin de signes forts », notent-ils.

« 470 entreprises ont été contactées en Europe, par mail, courrier ou téléphone. Une publicité a été payée sur quatre sites américains et une autre se prépare dans deux journaux électroniques spécialisés dans les papeteries nord-américaines », leur a précisé Christian Poncelet. Suite à cet imposant « mailing », onze demandes de visite du site ont été formulées, dont six papeteries (françaises, allemandes, finlandaise et belge) et un consultant. « Il y a quatre contacts sérieux avec des entreprises dont nous avons vérifié la solvabilité. Des contacts qu'il faut maintenant approfondir », a indiqué Dominique Dautriche.

Avant cela, reste à savoir si la direction de Matussière et Forest a bien l'intention de vendre. Et à quel prix. « Nous n'avons eu aucune confirmation », ont souligné les syndicalistes. « Sur ce point-là, nous ne pouvons pas vous renseigner. Mais le grand patron vient jeudi prochain. Ce sera l'occasion de le lui demander », a répondu le président du Sénat. MM. Kreitmann, PDG de MF SA, et Aubertel, PDG de MF, sont en effet annoncés dans les Vosges le jeudi 26 février.

Concernant le plan social, les délégués et représentants du personnel s'inquiètent de l'impossibilité pour 33 salariés (13 de 56 ans et plus, 12 de 55 ans et plus, 8 de 54 ans et plus) de pouvoir bénéficier de mesures d'âge. Le problème est que le dossier de Rambervillers est inclus dans une restructuration du groupe prévoyant 322 suppressions d'emploi. Sa spécificité (fermeture et non restructuration comme c'est le cas sur les autres sites) dépend donc d'un régime général traité par la direction du travail de l'Isère où est situé le siège de l'entreprise, laquelle a pris un contrat CATS et ne peut donc plus s'engager à faire un plan FNE (départs en pré-retraite).

« Je vais prendre contact avec la direction du travail de l'Isère sur ce point. Il n'est pas impossible qu'un plan FNE soit géré par la DT des Vosges. Mais c'est le ministère qui doit prendre la décision », a souligné Gérard Bettembourg. La démarche sera effectuée dès aujourd'hui.

Contrat EDF résilié ?
Par ailleurs, les syndicalistes de Matussière ont révélé qu'une rumeur insistante s'était propagée à Rambervillers selon laquelle la direction aurait d'ores et déjà résilié son contrat EDF à la date du 31 mars. « On va vérifier », a réagi Christian Poncelet. « Enfin, les camions qui nous approvisionnent en vieux papiers sont passés de dix à trois ou quatre par jour. La matière première diminue progressivement », ont constaté les représentants du personnel. Des signes qui inquiètent évidement les salariés.

Quant aux négociations qui se tenaient hier à Lyon et qui ne se sont achevées que tard le soir entre la direction et les différentes délégations des sites concernées par la restructuration, elles n'ont pas apporté d'eau au moulin des Matussière de Rambervillers. « A chaque interrogation, la direction s'est contentée de dire qu'elle notait. Aux dernières nouvelles, il n'y avait rien de concret », avouait Alain Poron.

Pierre-Henry WEXLER