Élus de droite ou de gauche, ont tous marché dans le même sens hier
dans les rues de Rambervillers. Qu'ils soient député européen,
conseillers régionaux, conseillers généraux ou maires. En tête du cortège,
Jean Saint-Josse ne passa pas inaperçu. Pourtant, sa présence n'était
nullement prévue.
« Je suis vraiment là par hasard » confiait le candidat
aux dernières élections présidentielles, sous l'étiquette « Pêche,
Chasse, Nature et Tradition ». « En fait, en octobre on a fait
un échange de chasse avec Véronique Mathieu. Et depuis longtemps, il était
prévu que l'on vienne dans le coin. Je suis arrivé il y à peine une
demi-heure, et madame Mathieu m'a expliqué qu'elle se rendait à une
manifestation. Je l'ai donc accompagnée. On est là pour chasser, mais préserver
l'emploi des gens est quand même plus important. Chaque chose en son
temps. Je suis maire d'une commune de 1.300 habitants et je sais ce que
représente le problème de l'emploi ».
« Des gens de tous bords »
La situation est particulièrement difficile à vivre »,
explique le maire de Rambervillers, Gérard Keller. « A une époque,
Rambervillers souffrait de sa position géographique par rapport à Epinal
et Saint-Dié. Ces années passées, on a perdu Boussac, la garnison,
alors que deux lycées sont partis à Bruyères et Raon. Le coup de
collier donné par Georges Chevrier a permis à la commune de bien relever
la tête sur le plan économique puisque tous les sites des zones
industrielles sont occupés. Et voilà que ça se casse la g... Il y a
d'abord eu la Poterie de Jeanménil (50 emplois perdus), le tissage de
Rambervillers (50), Europfil dernièrement (40) et là, c'est Matussière.
Pour Matussière et Forest, les actionnaires ont surtout pensé à leur
argent et pas du tout aux gens. Mais, essayons de garder le moral. Je vois
qu'aujourd'hui, tout le monde, syndicats et couleurs politiques ne font
qu'un. C'est encourageant ».
« C'est scandaleux »
« C'est proprement scandaleux que l'on licencie 200
personnes sans laisser la porte ouverte à un éventuel repreneur »
commente Véronique Mathieu, députée européenne. « On fait fi de
la valeur des gens au profit d'une courbe économique. La politique monétaire
y est pour beaucoup. En terme de concurrence, on est complètement défavorisé.
Ici dans ce coin des Vosges on est juste capable de nous donner la décharge
de Ménarmont. Les politiques doivent faire pression pour trouver un
repreneur. Moi, je vais m'y employer dès lundi à Strasbourg. Je connais
plusieurs papetiers finlandais. Malgré tout, il est difficile de
promettre quoi que ce soit ».
« Victimes de la stratégie »
« Les ouvriers sont victimes de la stratégie financière
et des erreurs de gestion à l'intérieur du groupe. Le personnel étant
compétent et l'outil de travail performant, l'entreprise est viable »
observe Jean-Pierre Moinaux, conseiller régional. « J'ai donc
adressé un courrier au président Longuet pour demander un moratoire. Il
faut gagner du temps, afin que les repreneurs puissent mesurer les
potentialités du site ».