Article paru dans l'Est Républicain en page Vosges

Le ministre a écouté attentivement les représentants de la CFDT et de la CGT. Photo Philippe BRIQUELEUR

Matussière : M. Bons Offices

Il y avait eu Comité central d'établissement à Lyon et la seule vraie nouvelle qui en avait filtré, selon Frédéric Balland de la CFDT, était que « l'usine est à vendre ». Nouveau, puisque jusque là, c'était la fermeture pure et simple qui avait été annoncée. Et sans trop de gants, comme ne manqua pas de le rappeler Christian Poncelet à son hôte, qui accueillait à 13 h 15 la délégation au débotté, entre son arrivée de l'aéroport et le déjeuner au conseil général.

On s'était mis dans le salon Jules-Ferry, pour y parler de la disparition annoncée de Matussière et Forest, et ses 200 salariés, « qui auraient pu réagir violemment, mais ne l'ont pas fait », souligne encore le président du conseil général...

Gilles de Robien ne propose pas de prendre directement le dossier en main, il n'est pas de sa compétence, mais d'être l'intermédiaire et le porte-parole des Vosgiens auprès du ministre de l'Industrie, Nicole Fontaine, et du ministre des Affaires sociales et de l'Emploi, François Fillon. « Je les vois ce soir ou demain et leur en parlerai... Il faut aussi faire agir la Datar. Un groupe a le droit, pour des raisons stratégiques, de fermer une entreprise, mais il doit alors tout faire pour passer les clés à une autre. Je serai persuasif. Tous les réseaux de l'Etat doivent agir. Dans une telle affaire, il faut sortir par le haut, pas par le vide. Et il faut du temps pour monter un projet industriel voisin. »

C'est aussi ce qui sera demandé à la direction de Matussière et Forest, groupe de 1.800 personnes. Du temps pour trouver un repreneur. « On a des commandes jusqu'au 6 février. Nous espérons que l'on ne va pas nous couper nos approvisionnements en matières premières et énergie d'ici là », a mis en garde Jean-Chistophe Capdet, délégué CGT, en présence de Pascal Févotte, secrétaire départemental, et Francine Didelot, l'homologue de ce dernier à la CFDT...

Aubry solidaire
Les délégués sont sortis de là un peu requinqués, mais ont évidemment maintenu leur action prévue hier dans l'après-midi. A 14 h, à peu près au moment où sortait la délégation de la rue de la Préfecture, les salariés de la papeterie quittaient Rambervillers derrière un camion du transporteur Aubry. Ce dernier avait accepté qu'un de ses chauffeurs témoigne avec son camion de la solidarité rambuvetaise en mettant un énorme calicot « Papeterie Matussière et Forest » sur son attelage, lequel fut placé ensuite en tête du cortège de voitures.

C'était parti pour une heure d'opération escargot, entre Rambervillers et Épinal. A 15 h, arrivée au rond-point de Jeuxey, où chacun a distribué à pied des tracts explicatifs de la lutte. Et une heure après, sous la tempête de neige, le groupe décidait de lever le camp, les conditions devenant difficiles, voire dangereuses. « On immobilisait trop de gendarmes pour la sécurité, qui étaient sûrement plus utiles ailleurs avec toute cette neige », remarqua Jean-Christophe Capdet.

Ce n'était pas le bon jour, sauf pour rencontrer le ministre !