Article paru dans Libération Rambervillers
n'est plus dans les petits papiers amedi, les employés de la papeterie du groupe Matussière & Forest ont manifesté dans les rues de Rambervillers, dans les Vosges, contre la fermeture de l'entreprise et la disparition de ses 210 emplois. L'intersyndicale CGT-CFDT avait demandé aux commerçants de fermer leurs boutiques et aux participants de défiler avec «des banderoles joyeuses». Le premier mot d'ordre a été respecté, le second moins. Le cortège silencieux de 500 personnes, enfants en tête, élus de tout bord un peu plus loin, a sillonné les rues avec des pancartes clamant : «Morgane, un an et demi, mes deux parents au chômage. Merci patron !» Ou encore : «Dis papa, je pourrai encore avoir des poupées quand tu seras au chômage ?» Pour Rambervillers, petite ville de 6 000 habitants, le coup est brutal. Dans l'usine, on connaissait l'imminence d'une restructuration. L'année 2003 a été mauvaise et le chiffre de quarante suppressions de poste circulait. Mais mardi dernier, lors du comité central d'entreprise convoqué à Lyon, c'est la fermeture définitive du site qui a été annoncée. Et, à l'échelle du groupe, la disparition de 322 emplois sur 1800, dont treize sur le site voisin de Raon-l'Etape et une trentaine d'autres à Turckheim, dans le Haut-Rhin. Installés à l'entrée de l'usine, les ouvriers filtrent jour et nuit
les accès, de peur que la direction ne tente de déménager les machines.
Leurs objectifs: prouver que le site de Rambervillers qui continue de
produire des enveloppes en papier recyclé est viable. Et, surtout, «se
battre pour trouver un repreneur», explique Yannick Marquis,
secrétaire CGT du comité d'établissement. «Ici, nous disposons d'un
potentiel humain et industriel qu'il est inimaginable d'abandonner»,
s'emporte Gérard Keller, maire (PS) de Rambervillers. «Ils trient,
ils traitent, ils recyclent. Ils ont des commandes. Il y a forcément
quelque chose à faire», renchérit Jean-Pierre Moinaux, chef de file
PS au conseil régional de Lorraine. L'intersyndicale a rendez-vous
aujourd'hui avec Christian Poncelet, président UMP du Sénat et du
conseil général des Vosges. Un nouveau comité central d'entreprise est
prévu à Lyon, le 19 janvier. Par
Thomas CALINON |
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