Article paru dans l'Est Républicain en page Vosges

Ce groupe papetier doit faire face à des prix de vente bas et à une matière première en hausse.

Matussière et Forest ferme le site de Rambervillers

Hier à 13 h 30, la nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans les différents ateliers de l'usine Matussière et Forest de Rambervillers. Au Comité Central d'Entreprise réuni à Lyon, la direction a annoncé la fermeture complète du site vosgien. Cette papeterie spécialisée dans le papier recyclé à forte valeur ajoutée était en proie à des difficultés liées à la conjoncture : des cours en baisse et la matière première en grosse progression.

Fin janvier 2003 déjà, l'entreprise avait connu une semaine de chômage technique liée à un carnet de commande trop faible. « Depuis le mois d'août, nous avons dû cesser l'activité une semaine par mois », précise Frédéric Balland, délégué syndical CFDT. « Malgré les efforts consentis, la situation ne s'est pas améliorée. On savait donc que ça n'allait pas bien, on pensait qu'il pouvait y avoir une restructuration. Mais jamais on n'imaginait pas qu'il y aurait une volonté de fermer le site complètement ! Rambervillers a été sacrifié alors que l'usine est viable. »

Si à Rambervillers, les semaines de chômage technique se sont multipliées, sur d'autres sites du groupe l'activité s'est maintenue. « C'est un groupe et donc les commandes sont centralisées », poursuit le représentant de l'intersyndicale CFDT-CGT. « Si on ne nous en a pas fait profiter, c'est peut-être parce qu'il y avait une volonté de ne pas nous conserver. »

Organiser la lutte

La papeterie de Rambervillers a intégré le groupe Matussière et Forest en 1995, après avoir été filiale pendant cinq ans. C'était auparavant la papeterie Boucher, créée il y a plus d'un siècle. Elle produit essentiellement des enveloppes et du papier d'emballage. Le groupe, avec une capacité de production de 640.000 tonnes annuelles est considéré comme le spécialiste européen du papier recyclé. Les papiers et cartons récupérés sont « traités par des process innovants et brevetés ». La société propose « des produits à la pointe des attentes des consommateurs aussi bien sur le plan qualitatif qu'environnemental ».

Matussière et Forest possédait huit sites de production, dont un à Raon-l'Etape, et employait 1.800 personnes. L'imparfait est nécessaire puisque, non seulement Rambervillers est condamné, mais toutes les autres usines doivent voir disparaître environ 15 % de leurs salariés. Raon est bien entendu concerné mais les responsables espèrent pouvoir bénéficier d'un plan FNE.

En revanche, pas de plan social présenté pour l'instant à Rambervillers. Ni de perspectives de reprise. « Nous allons nous battre », annonce Frédéric Balland. « Il faut que l'usine soit sauvée. On sait bien qu'il y aura de la casse, qu'on ne pourra certainement pas conserver tout le monde, mais il faut trouver un repreneur. On espère que les pouvoirs publics, que les élus, vont nous aider à préserver une partie des emplois. Les machines vont continuer à tourner mais on ne laissera pas sortir les produits finis. Désormais, les camions seront bloqués. »

Les salariés travaillent sur un rythme de 5/8. Ils pensaient devoir affronter une tempête, mais ils refusent d'être sabordés. « Nous n'avons pas encore obtenu de date officielle de la fermeture. Il semble que ça doive aller vite ! » Il faut donc que la réaction se mette également en place rapidement. Le CE se réunira aujourd'hui à 13 h 30.

Jean-Charles VERGUET

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