EPINAL. Certains, qui n'étaient pas de service mardi après-midi, l'ont appris dans les rues de Rambervillers : la fermeture de la papeterie Matussière-et-Forest, annoncée en CCE à Lyon, s'est propagée comme une traînée de poudre, laissant comme assommés ces salariés dont beaucoup étaient déjà là en 1989, lorsque les Papeteries Henry-Boucher ont été rachetées par le groupe M.-F. Parmi eux, une vingtaine de couples comptant plus de 30 ans d'ancienneté...

« On s'attendait à une restructuration, mais pas à ça », disaient hier matin ceux des deux cents « condamnés » qui montaient la garde devant la grille de l'usine, où ils s'apprêtaient à passer une seconde nuit. Palettes pour le feu, « cabane » en rames de pâte à papier, ravitaillement, tout est déjà prêt pour soutenir un siège, à l'appel de la CGT (majoritaire) et de la CFDT.

Surproduction d'enveloppes
Hier après-midi, le directeur du site Eric Royal a confirmé la catastrophe au comité d'entreprise : plombée par la surproduction en Europe des enveloppes dont le papier constitue les deux tiers de son activité, la papeterie de Rambervillers est rayée de la carte par Matussière-et-Forest, qui supprime par ailleurs 13 des 150 emplois du site de Raon- l'Etape. Il avait d'abord été prévu de réorienter sa production vers le papier d'emballage (un tiers de la production), mais l'urgence ne l'a pas permis, explique Eric Royal, précisant que l'usine perd « 2,5 millions d'euros par trimestre ».

D'abord décidés à bloquer la sortie de tous les camions de papier, leur « trésor de guerre », les salariés ont décidé hier après-midi d'en laisser sortir une partie, le directeur ayant garanti les salaires de janvier si les ouvriers acceptent de traiter les commandes en cours. Pour l'heure, la date de la fermeture n'est pas connue. Le plan social ne sera abordé en CCE que le 19 janvier à Lyon et le lendemain en CE à Rambervillers.