Article paru dans l'Est Républicain le 21 décembre 2004 en page
Vosges
Coup de force des Matussière Une trentaine d'élus, salariés et sympathisants ont pénétré de force dans l'usine, hier matin. L'occupation est décrétée, en attendant la décision de Lenk, le repreneur. Au terme de 350 jours de lutte et de présence sur le terrain, les Matussière n'allaient pas lâcher prise comme ça. Pour la première fois, et pour la bonne cause, ils ont donc franchi la barrière de la légalité. Licenciés et n'ayant donc plus le droit de demeurer dans l'usine depuis vendredi, les délégués ont pris le gauche, hier matin, à 8 h tapantes. Alors que les deux équipes de quatre vigiles se relayaient, une trentaine d'élus (locaux, UD et Fédération), de salariés et de sympathisants (dont des « camarades » de l'imprimerie Braun de Thann), ont profité de l'ouverture de la grille pour pénétrer de force sur le site et occuper l'entrée de l'usine. Bousculades, chahut et palabres à la clé pendant près de deux heures. Lenk prié de se dépêcher « Nous avons écrit au ministre Jean-Louis Borloo pour qu'il nous autorise à demeurer et à travailler dans l'usine le temps que Lenk nous donne une réponse », explique Jean-Christophe Capdet, le délégué CGT, « nous voulons que la direction nous permette officiellement de rester sur place jusqu'au moment où le repreneur se prononcera ». Une manière de maintenir la pression sur la direction, convaincue de faire obstruction depuis janvier dernier ? Une façon également de hâter l'industriel allemand. « Son avocat nous a dit qu'il était en contact avec un nouveau partenaire financier, un papetier de Gelsenkirchen. Il lui faut quelques jours pour réunir les éléments. La réponse doit tomber en fin de semaine », souligne Jean-Marie Rocklin de la Filpac-CGT. D'ici là, les Matussière veulent donc s'assurer que l'outil de travail ne sera pas détérioré ou déménagé. « Nous n'avons pas fait ce coup de force pour emm... le monde. Nous voulons juste que Lenk nous dise s'il déposera un autre projet de reprise. Si ce n'est pas le cas, on s'en ira et ce sera fini », lâchait hier soir Jean-Christophe Capdet. Une chose est sûre, la direction de Matussière, à laquelle le Préfet Jacques Reiller a écrit, hier, pour lui rappeler les obligations liées à l'article 118 de projet de cohésion sociale (voir par ailleurs le fait du jour), a évité l'épreuve de force, préférant ne pas faire la publicité de cette intrusion illégale. La société a sans doute une image à préserver ! Deux huissiers sont tout de même venus constater l'occupation... P. -H.W. . |
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